Les acquisitions de ressources musicales : un enjeu majeur pour les bibliothécaires musicaux

19-06-2020 | Lecture publique, Musique

Selon l’ACIM (Association pour la coopération des professionnels de l’information musicale), les services musique des bibliothèques doivent « faire connaître les expressions musicales passées et contemporaines, offrir des collections actualisées, ouvrir l’oreille du public, en lui faisant découvrir des genres méconnus ou minoritaires et garantir l’éclectisme et l’encyclopédisme des collections ». Les bibliothécaires musicaux tiennent un rôle majeur dans cette démarche, notamment à travers leur politique d’acquisition des ressources.

Un fonds physique toujours d’actualité

Pour l’acquisition des ressources physiques, les bibliothèques s’adressent à différents types de fournisseurs. Certains sont spécialisés pour les collectivités, comme GamAnnecy, CVS ou CdMail, et permettent la récupération de notices et de résumés, ainsi que l’écoute d’extraits. D’autres sont des disquaires indépendants ou des grossistes, tels que la Fnac ou Cultura. Par ailleurs, les bibliothèques ont un devoir de respect de la diversité musicale, qui doit se traduire dans l’acquisition des ressources en CD, vinyles et autres supports physiques. Ainsi, le fonds physique doit respecter à plus ou moins 5 % l’équilibre prédéfini pour ce type de collections (20 % pour la musique francophone, 15 % pour la musique classique et contemporaine, etc). Enfin, les bibliothèques ont un besoin quantitatif spécifique à leur taille, à la taille de leur commune et au nombre d’abonnés. Selon la Bibliothèque départementale de la Manche, dans un rapport de février 2017, le ratio recommandé pour satisfaire les besoins du public est de 0,2 CD par habitant, comme pour les DVD.

Les ressources numériques musicales : quelles offres et quels enjeux ?

Premièrement, le modèle des plateformes numériques, auxquelles les bibliothèques peuvent s’abonner puis en donner l’accès à leurs clients, est très répandu. Deuxièmement, les bornes d’écoutes en bibliothèques, qui se sont développées plus récemment, et qui proposent une écoute directement dans les locaux de la bibliothèque. Ces services évoluent et proposent bien souvent un contenu diversifié : musique en libre écoute, concerts live, documentaires et films pédagogiques. Parmi toutes ces offres numériques, les bibliothécaires doivent être en mesure de faire les bons choix. Selon Nicolas Blondeau, de la médiathèque du Grand Dole, ancien président de l’ACIM, il existe plusieurs critères permettant d’analyser ces ressources :

  • Types de contenus et genres musicaux : certaines plateformes sont spécialisées dans un style musical en particulier, comme par exemple Medici.tv pour la musique classique et Munki pour la jeunesse, quand d’autres ont des contenus plus généralistes, à l’instar d’1D touch et de MusicMe.
  • Fonctionnalités : les options offertes aux bibliothèques se développent et permettent d’offrir un service personnalisé. Par exemple, Doob permet la création de playlists.
  • Mode d’accès aux ressources : accessibles à distance en ligne ou sur place, les ressources affichent différentes interfaces avec des disparités dans la qualité de l’offre au niveau technique (résolution des vidéos, qualité des métadonnées, format des fichiers et taux de compression).
  • Coût de l’abonnement : celui-ci diffère selon le nombre d’inscrits à la bibliothèque, le nombre d’accès simultané autorisés ou autre. Il est important d’analyser ce coût au regard des services fournis avec la ressource : documents, assistance, maintenance et implication du prestataire dans la médiation.

Un fonds papier à ne pas négliger

Selon Michel Sineux, conservateur général des bibliothèques de la ville de Paris, « les bibliothèques de lecture publique, même quand elles s’affichent en tant que médiathèques, font rarement état de collections organisées de musique imprimée ». Il semble pourtant important que la musique soit représentée aussi bien sous forme phonographique que sous forme papier au sein des bibliothèques. Si plusieurs types de fournisseurs travaillent avec les bibliothèques pour les ouvrages musicaux et les recueils de partitions, les librairies musicales se révèlent être des partenaires particulièrement adaptés. Selon Laëticia Bontan, conseillère au livre et à la lecture à la Drac Hauts-De-France, les partitions sont les ressources les moins bien représentées et mises en valeur au sein des bibliothèques disposant d’un fonds musical. Pourtant, ce type de ressource à une grande importance pédagogique, puisqu’elles permettent aux usagers de pratiquer et de se former à l’art musical.

Bien constituer son fonds : un enjeu stratégique pour les bibliothécaires musicaux

Selon un article de Christophe Daniel, directeur de la médiathèque départementale de la Haute-Saône, paru en 2009 sur le site internet de l’ACIM, « le bibliothécaire musical est un passeur qui veille à offrir un panorama musical le plus large possible ». Cela traduit bien l’éclectisme dont doivent faire preuve les bibliothèques qui proposent un fonds musical. Ainsi, chaque variété musicale doit être représentée au sein de ce fonds, avec l’avantage pour certaines familles musicales selon les préférences du public. De plus, la bibliothèque se doit d’assurer une rotation convenable de ses documents. Le bibliothécaire musical a donc la responsabilité de bien connaître les attentes de son public, afin de proposer un contenu qui rencontre ces attentes. Pour cela, il peut mettre en place un cahier de suggestions et le soumettre aux usagers de sa bibliothèque, ou plus directement, échanger directement avec ces derniers afin de connaître leurs préférences. Il a aussi la possibilité de se baser sur les pratiques musicales globales des Français, qui ont été étudiées notamment par France Musique. Cela peut constituer une bonne base de référence pour la politique d’acquisition de ressources musicales d’une bibliothèque.