Exposer la musique en bibliothèque, une expérience complète pour les usagers
Exposer la musique est un paradoxe : la musique s’écoute, mais ne se montre pas. Pourtant, les expositions musicales gagnent en popularité depuis quelques années. Elles ont l’avantage de mêler l’utilisation de l’espace et le développement d’un discours autour de ce qui est présenté, ce qui apporte une force de médiation culturelle importante. Ces actions rencontrent un certain succès auprès des lecteurs des bibliothèques publiques depuis de nombreuses années. En effet, selon une enquête du Credoc, près de 30 % des lecteurs avaient déjà assisté à une exposition en 2005 dans une bibliothèque. En 2016, la fréquentation des expositions est devenue courante, arrivant juste après les usages liés au livre et à la presse dans la hiérarchie des pratiques, selon une enquête du ministère de la Culture.
Créer une expérience complète
L’exposition représente un levier intéressant pour mettre en valeur les collections musicales des bibliothèques. Dans ce but, les bibliothécaires disposent de nombreux outils : des albums, des affiches, des photos, des vidéos, parfois même des images d’archives. L’utilisation de l’ensemble de ces documents permet de proposer une expérience unique aux visiteurs, à travers un fil rouge, une thématique porteuse. Par exemple, une exposition sur le Jazz de la Nouvelle-Orléans pourra mêler des photos de groupes iconiques, des affiches de concert originales, des écoutes de morceaux et des vidéos d’archives telles que des interviews des grandes figures du mouvement. De nombreuses bibliothèques ajoutent un fonds sonore pour accompagner le visiteur dans l’univers de l’exposition. Toutes ces possibilités s’envisagent en fonction des moyens techniques, financiers et humains de la bibliothèque.
Diversifier les actions autour de l’exposition
Afin de faire vivre une exposition, la mise en œuvre d’une ou plusieurs autres actions en parallèle de l’événement semble opportune. Il s’agit par exemple d’actions culturelles destinées à un public ciblé, par exemple les groupes scolaires. L’objectif concerne alors l’animation de la visite de l’exposition et l’échange avec les visiteurs sur ce qu’ils ont vu et appris.
Les bibliothécaires peuvent aussi programmer un ou plusieurs événements qui complètent l’exposition : des conférences ou des débats, des concerts, des lectures ou encore des ateliers pédagogiques.
Enfin, il s’avère pertinent de mettre en place une médiation numérique autour de l’événement. Cela peut se traduire par la publication d’articles ou de photographies sur le site de la bibliothèque, ou par le partage de contenus liés à l’exposition sur les réseaux sociaux. Quoi qu’il en soit, la médiation qui entoure l’événement lui apporte une valeur ajoutée et attire un plus large public !
L’exposition Lyon capitale du Rock – 1978-1983
Organisée entre mai et septembre 2019 par la Bibliothèque municipale de Lyon, cette exposition témoigne du succès de ce type d’initiatives. La bibliothèque a déployé des moyens considérables en exposant plus de 1 500 pièces d’époque : billets de concerts, affiches, photographies, pochettes et goodies. Les visiteurs étaient invités à interagir avec les documents présentés. Par exemple, ils pouvaient apprécier les groupes de l’époque via des 45 tours originaux et des casques d’écoute. La bibliothèque a aussi profité de l’événement pour mettre en valeur son fonds musical, en disposant des bacs de vinyles accessibles à l’emprunt. Des concerts, des projections et des rencontres ont été organisés en parallèle de l’exposition afin de mettre en lumière la nouvelle scène musicale lyonnaise. Enfin, les organisateurs ont créé un site web afin de publier les photos, les vidéos de promotion et l’ensemble des informations concernant l’événement. Le hashtag #LyonCapitaleDuRock a aussi beaucoup été utilisé sur les réseaux sociaux, faisant la promotion de l’exposition.